Je me suis demandé : à quelles orientations une équipe d’intervenants auprès des familles et des jeunes devait répondre dans son travail ? J’ai trouvé quelques documents récents (depuis 2007 seulement) définissant les orientations à suivre pour l’intervention auprès des jeunes et des enfants…
- Riches de tous nos enfants, rapport national sur l’état de santé au Québec, INSPQ & MSSS, 163 pages, 2007
- Enrichir le Québec de sa relève, Stratégie d’action jeunesse 2009-2014, 102 pages, 2009 (?)
- Programme-services Jeunes en difficulté, Orientations relatives aux standards d’accès,de continuité, de qualité, d’efficacité et d’efficience, Offre de service 2007-2012, MSSS, 88 pages, 2007
- Une communauté mobilisée pour ses jeunes, cadre de référence pour le déploiement de l’approche Écoles et milieux en santé, DSP Montréal, 234 pages, 2008
- Les rapport régional (144 pages) et local (40 pages) sur l’Enquête sur la maturité scolaire des enfants montréalais, DSP de Montréal, 2008
- Analyse des interventions de promotion de la santé et de prévention en contexte scolaire québécois : cohérence avec les meilleures pratiques selon l’approche École en santé, INSPQ, 243 pages, 2009
- Les facteurs influençant la dissémination et l’adoption de l’approche École en santé, INSPQ, 226 pages, 2008
- Évolution des services de première ligne offerts à la clientèle jeunesse en général et aux jeunes en difficulté, AQESSS, 46 pages, 2007
- La politique familiale du Québec, où en sommes-nous, MFA, 48 pages, 2009
- Les orientations et politiques du ministère de la santé et des services sociaux, (39 orientations et politiques)
- La Politique de périnatalité 2008-2018 – Un projet porteur de vie, MSSS, 174 pages, 2008
Et je n’ai pas été exhaustif ! Je n’ai pas inclus les bilans et orientations particuliers relatifs à certains programmes (SIPPE, vaccinations, Québec en forme…). Tous ces documents font sens, ont leur raison d’être (enfin, presque tous…) mais l’accumulation de directives et d’orientations n’a-t-elle pas pour effet de désarmer, désorienter même l’intervenante la mieux armée, intentionnée, expérimentée ? N’y a-t-il pas là un effet involontaire mais inévitable de la rationalisation et de la spécialisation en tant qu’analyses et réflexions sur les pratiques ? Quelle place reste-t-il aux généralistes, aux intervenants de première ligne capables de faire eux-mêmes l’analyse de la situation et de suggérer une intervention ?
Chaque réseau (la santé, l’éducation, la ville, la sécurité du revenu…) développe ses analyses pointues des causes et facteurs influençant les flux de besoins et clientèles… embrigadant ses armées d’opérateurs dans des profils et recettes de « best practices » de plus en plus ciblés : à chaque sous-groupe son protocole, son formulaire, sa mesure… Alors que les (certaines) familles aux prises avec des difficultés importantes auraient besoin d’une intervention transversale, accompagnatrice, capable de faire des liens entre le revenu, la formation, l’éducation des enfants, les habitudes alimentaires, l’allaitement de bébé, la sexualité de la plus vieille…
À lui seul, le programme École en santé a suscité la production de trois rapports de plus de 200 pages… Plus de 700 pages d’analyse des facteurs qui favorisent, défavorisent, devraient orienter la dissémination d’une approche… On a ici un peu, un tout petit peu l’impression qu’il n’y a personne à la barre.
Trop (1508 pages) c’est comme pas assez…